La route du blues... sur les traces de Robert Johnson

 

On vous donne RV mi-septembre 2012 pour notre carnet de voyage sur la Route du Blues : de Nashville à Memphis, en passant par Clarksdale et festival annuel de Greenville, Jackson, Natchez, Bâton Rouge et La Nouvelle Orleans...

En attendant, un peu d'histoire pour vous faire patienter !

 

"C'est au croisement de deux routes quelque part dans le delta du Mississippi, à un crossroads (carrefour) quelconque, que le bluesman Robert Johnson vendit son âme au diable, en échange de quoi il devint un virtuose de la guitare blues. Vous verrez quantité de croisements de ce type dans le Mississippi, mais celui qui passe pour être le vrai se trouve au croisement de la 49 et de la 61, du côté de Clarksdale, à une trentaine de kilomètres au sud de Memphis. Le tracé de la 61 ne recoupe plus tout à fait celui d'hier, mais qu'importe ! L'important, c'est d'avoir réussi à capter ici l'esprit de Robert Johnson... et d'attirer les visiteurs.

Le delta du Mississippi, qui s'étend de Memphis à la Nouvelle-Orléans, est le berceau du blues et un pays de légendes. C'est là, entre le fleuve Mississippi et la rivière Yazoo que se sont égrenées les premières notes du blues, d'abord balbutiantes, puis de plus en plus affirmées, jusqu'à créer un genre nouveau qui donnera naissance aux principales innovations musicales du XXe siècle : jazz, rock et même rap... Les chercheurs, toujours en quête de la pierre philosophale, situent l'origine du blues à Dockery Farms, une plantation de coton créée en 1895, à la sortie de Ruleville, au sud de Clarksdale, sur la Highway 8, en direction de Cleveland, Mississippi.

C'est là que l'on repère un nid de musiciens noirs, ouvriers dans les champs de coton, dont Charley Patton, l'un des premiers à enregistrer ses morceaux et à faire connaître le genre musical au-delà du Mississippi. Il aurait appris la guitare avec Henry Sloan, et retransmis ce qu'il savait à Robert Johnson, entre autres, le célèbre bluesman qui a fricoté avec le diable. À partir de Dockery Farms, mythique plantation toujours en opération, on peut suivre la "route du blues", visiter les différents lieux devenus légendaires qui ont scandé l'histoire du genre.

Des marqueurs, implantés dans toute la région du delta par la Mississippi Blues Commission créée en 2003 par l'État du Mississippi pour redécouvrir les racines du blues, balisent cet itinéraire, du Riverside Hotel de Clarksdale où s'arrêtèrent tous les bluesmen en tournée - et même John F. Kennedy - et où décéda Bessie Smith en 1937, jusqu'au superbe et tout récent musée BB King, à Indianola, en passant par la tombe de Robert Johnson, à proximité de Greenwood. En réalité, il y a deux tombes ; l'une officielle, à Quito, aux abords de la Payne Chapel ; l'autre à Morgan City, sous l'auguste protection de la Mount Zion Baptist Church. Et il paraît qu'il en existe d'autres. En cette terre qui a englouti des générations d'esclaves venus d'Afrique, le vaudou perdure et les esprits farceurs se baladent.

De site en site, de crossroad en crossroad, profitez-en pour vous glisser dans quelque juke joint du coin, ces lieux totalement informels où l'on peut écouter du blues en buvant une bière, chez un particulier, dans une boutique, une arrière-salle de resto, où se produisent des célébrités locales qui valent ce qui se fait de mieux au monde dans le domaine du blues. L'idée, c'est de faire comme Robert Johnson, et de vendre votre âme au diable, non pas pour devenir musicien de blues, pour cela, mieux vaut être né dans le Delta, mais pour réussir votre voyage au pays du blues." - Le Monde / 2009 -