L'impératrice du blues : Bessie Smith

C'est à 29 ans, en 1923 qu'elle signe avec Columbia et enregistre son premier disque. Elle fut une très grande vedette jusqu'à la Grande Crise, avant de sombrer dans l'alcoolisme et la misère dès 1930.

Bessie Smith a gravé une centaine de chefs-d'œuvre, accompagnée par les plus grands jazzmen, dont Armstrong, Coleman Hawkins, James P.Johnson, Fletcher Henderson et son impresario, Clarence Williams.

Ses chansons réalistes, mais peu politisées, décrivent très crûment la misère, la souffrance amoureuse et les calamités naturelles dans un style plus déchirant que plaintif, souvent empreint d'un féminisme rageur. Sous les chapiteaux comme dans les théâtres plus luxueux, sa beauté et son élégance tapageuse, son franc-parler et son instinct bagarreur qui n'épargnent pas les Blancs font de son tour de chant un événement local.

Malgré sa vie très libre, elle va à l'office chaque dimanche, où qu'elle soit, et les innombrables preachers qu'elle y écoute avidement influencent beaucoup ses interprétations profanes.

Par sa grande liberté rythmique et sa diction très subtile, Bessie Smith a su franchir en quelques trop brèves années une distance considérable : celle qui sépare les accentuations un peu carrées du blues rural de ce balancement enjôleur ou songeur que retrouveront à sa suite Billie Holiday et Ella Fitzgerald. Mieux, elle aura découvert tous les codes tacites qui font de la chanteuse de jazz, à part entière, un membre de l'orchestre...

Une pièce d'Edward Albee, "La  mort de Bessie Smith", déclencha à l'époque une polémique sur les raisons de sa mort, consécutive à un accident de voiture en 1937 à Clarksdale (Mississippi).... La rumeur laissait entendre qu'un hôpital "blanc" avait refusé de l'admettre.

Elle mourut comme elle avait vécu : sur la route, car c'est par les minstrel shows itinérants que cette orpheline avait commencé à dix-huit ans sa carrière nomade, dans la troupe où chantait son aînée et premier modèle, Gertrude « Ma » Rainey, à qui nous avons consacré précédemment un article.

 

Un "live" rare et unique de cette grande voix du blues....